Il faut l’avouer,
Ce weekend, nos Jujutrépides nous ont fait une nouvelle frayeur :
Nous déjeunions tranquillement dans un restaurant en bord de mer, avec leur papa, les pieds dans le sable, une frozen strawberry margarita à la main, bienvenue par cette chaleur estivale de retour en force depuis quelques jours au Cap.
Les garçons étaient bien évidemment sortis de table et avaient dégotté des p’tits sud af’ avec qui jouer sur la jetée.
Nous les gardions à l’oeil, entre deux gorgées rose, et discutions en profitant de la brise marine et du soleil, lorsque tout à coup, presque indépendamment de ma volonté, j’ai dit :
– “Chéri, tu veux pas regarder où sont les monstres ? Tu sais avec toutes ces histoires récentes d’enlèvement d’enfants au Cap…”
– “Ils sont là chérie.”
– “Non mais, vas voir.”
– “ILS SONT LÀ !”
– “Vas voir.”
Ne le voyant pas revenir au bout de dix minutes, je sentais que quelque chose ne tournait pas rond.
C’est alors que je l’ai aperçu, se rapprochant, titubant, de la table où j’étais assise. Livide, les yeux écarquillés, ils me dit alors d’une voix blanche :
– “Chérie… Je… Je… Y’ sont plus là.“
L’avantage, d’avoir vécu quelques situations relativement extrêmes avec ses enfants, c’est qu’au bout d’un certain nombre d’années, on sait gérer.
Le coeur s’arrête toujours quelques instants.
Et, naturellement, le sentiment de panique intérieure, les mains tremblantes, les fourmis dans les jambes ainsi que la nausée dans la gorge, sont toujours là.
Mais le cerveau ayant cumulé de l’expérience, disons qu’il entre dans une forme de pilotage automatique assez efficace.
Je vous passe les détails de la chasse aux Jujutrépides lancée sur plusieurs kilomètres à la ronde ainsi que ceux de l’interrogatoire musclé auprès des moutards alentours : une longue – très longue – vingtaine de minutes plus tard, notre engeance – ou plutôt leurs oreilles, qui en gardent d’ailleurs encore les stigmates – étaient de retour entre nos doigts.
Montés manu militari dans la voiture, nous rentrions vers la maison :
– “LES GARÇONS !! VOUS VOUS RENDEZ-COMPTE DE LA PEUR QUE VOUS NOUS AVEZ FAITE ! On vous imaginait déjà enlevés ou perdus !… COMMENT POUVEZ VOUS ENCORE NOUS FAIRE ÇA !? Avec tout ce que nous vous avons déjà expliqué !?…”
– “Pardon maman, on voulait pas t’faire peur. On voulait juste aller woir’ les OTARIES !”
– “Mais les garçons… On ne part JAMAIS sans nous prévenir. Vous imaginez ce qui aurait pu se passer !?…”
J’avais essayé de garder mon calme, malgré la terreur qui m’avait étreinte et qui redescendait doucement dans le bas de mon corps, et de leur expliquer une nouvelle fois, sereinement, la gravité de leur geste.
N’y tenant plus, leur père qui bouillait intérieurement, s’est alors emporté en criant :
– “J’EN AI ASSEZ. ON VA FAIRE AVEC VOUS COMME AVEC LES CHATS ET LES CHIENS. ON VA VOUS METTRE DES PUCES SOUS LA PEAU, COMME ÇA ON SERA TRANQUILLE !!!!”
Pas un bruit dans l’habitacle, les garçons s’étant soudainement renfrognés dans leur siège auto, visiblement vexés.
C’est Trystan qui a finalement rompu le silence :