Les oreilles de cafard

– “Les enfaaaaants ! 

A table !”


Ne voyant pas mes Jujutrépides venir, et les entendant discuter entre eux depuis le salon de télévision, j’ai glissé un oeil entre deux portes pour écouter leurs échanges. 

Comme souvent, je n’ai pas été déçue du voyage : 

– “T’as faim toi Tancrèd’ ?”

– “OUI, j’meurs de faim !”

– “Ah. Moi non.”

– “Allez viens Trystan, maman elle nous z’appelle !”

– “Naaaan, mais on n’y va pas Tancrèd’.”

– “Ah bon ? Mais pourquoi ?!”

– “Passque si t’y vas, elle va nous obliger à manger des zoreilles de cafard.”

Nota bébé
Recette familiale ancestrale, s’il en est. 
Non. Moi non plus. Je ne sais pas. 
Le cerveau des enfants n’est pas encore bien fini, il leur manque des neurones jusque tard dans l’adolescence, j’en suis convaincue. Il parait que c’est l’inverse et qu’on commence à en perde à partir de 18 ans. Moi je soutiens que les gosses, il leur manque des cases. Je me raccroche désespérément à cette idée, pensant que, sinon, tout ce que nous subissons en tant que parents n’a aucun sens. 

Bref… Suite de cette conversation lunaire, que seuls les enfants peuvent avoir : 

– “… Des ZOREILLES DE CAFARD, Trystan !?!? T’es sûr !?!?”

– “OUI Tancrèd’. J’l’ai vue nous préparer ça dans la casserole tout à l’heure.”

A ce moment précis, repensant aux souris d’agneau que j’avais mises à mijoter avec amour pour eux deux heures plus tôt, j’ai bien cru avaler ma cocotte en fonte de travers. 

J’ai comme à mon habitude fait un noeud autour de ma langue et attendu la suite de l’épisode jujutrépidesque :


– “Oh mon dieu Trystan, mais on peut pas manger ça, ce s’rait horrib’ !!!”


– “Bin oui, c’est dégoutant.”


J’entends alors mon fils Tancrède débarquer dans la cuisine, des larmes gonflant ses petits yeux implorants, s’approcher vers moi et me dire tout doucement : 


-” J’t’en SUPPLIE, maman. M’fais pas manger des zoreilles de cafards…”


Vérifier les faits et les sources d’information, ça commence dès le plus jeune âge : 

Les cafards, ça n’a pas d’oreilles.

#FakeNews

#JujuBoniMenteur






La CSG Jujutrépidesque

Les notions de fiscalité, 

ça se travaille très tôt. 


Durant nos vacances en Namibie cet été – ou cet hiver, selon de quel hémisphère on se place – et comme à chaque fois que nous partons en congés avec de longs trajets en voiture, les Jujutrépides ont exceptionnellement eut droit à des bonbons. 


Ceux qui ont lu mon article “comment bien voyager en voiture avec les enfants” savent de quoi je parle : les sucreries, dans certaines situations, ça sauve des vies. 


Et bien disons que j’ai pris l’habitude cette année, à chaque ouverture de sachet, d’appliquer une taxe et de ponctionner un petit pourcentage du butin.

Un bonbon par paquet. 
Soit environ 5% d‘imposition, si l’on considère une moyenne à vingt bonbons par sac, juste retour de mon investissement conséquent dans cette célèbre firme d’origine allemande dont le nom commence par un H et qui proclame que c’est beau la vie, pour les grands et les petits. (C’est marqué dessus, on y a droit aussi, pourquoi s’en priver ?!)


Si mes chers petits contribuables ont d’abord renâclé devant cette nouvelle obligation qui leur incombait, l’habitude s’est néanmoins vite installée, avec un prélèvement à la source finalement relativement indolore. 

Naturellement, une fois de retour au Cap, tout cela a cessé, l’absence de sucreries à la maison étant une constante respectée la plupart du temps. 


Mais l’été pointant doucement le bout de son nez sur cette partie du globe, les enfants ont réclamé le week-end dernier leur premier bâtonnet glacé de l’année. 

J’ai alors sorti deux sorbets du congélateur, avant de leur tendre les sachets dans lesquels ceux-ci étaient enfermés. 

A mon plus grand étonnement, Tancrède m’a alors regardée en me disant : 


– “Tiens maman, vas-y, ouvr’ le paquet et prends ta tax’ !”


Fondant – au sens propre et figuré – devant son attendrissante réaction, j’ai souri et pris dans mes bras mon fiston chéri, afin de partager avec lui la bouffée d’amour et d’affection qui m’étreignait, sans oublier de croquer un petit bout de sa glace, en passant.


Descendant de sa chaise pour aller la déguster dans le jardin il s’est alors écrié : 


– “Trysssstaaaaan ! Viens donner la Taxe à mamaaaaan !”


Ce à quoi son frangin a répondu, fidèle à lui-même et à sa générosité toute naturelle : 


– “Nan, mais moi j’ai pas besoin de lui donner, puisque c’est la même glace que toi.”


Avant de disparaitre comme une fusée sur les traces de son frère. 


– “…”


L’éclatante intériorisation du principe d’évasion fiscale. 


A moins qu’il ne s’agisse de l’application d’un barème dégressif rendant le foyer gémellaire non imposable.   


Dans tous les cas, j’ai pu me brosser pour ma second bouchée de crème glacée… 


#MaCacheMaGlace

#MaNicheFiscale
#CSG
#ConfiserieSucreriesGlaces

Découvrir Upper Bloem

Le coup de coeur 

gastronomique 

du week-end ! 


Situé au 65 de la Main Road à Green Point, ce nouveau restaurant vient d’ouvrir ses portes il y a quelques mois à peine dans un petit local tout en longueur, pas forcément très visible depuis la rue principale qui longe le quartier. 

Pourtant, il vaut vraiment le détour. 

Difficile de mal manger au Cap tant l’offre culinaire est diverse, riche et belle. 
Il est d’autant plus compliqué pour les talents d’émerger face à tant de concurrence. Mais cela ne semble pas être un problème pour Andre Hill, chef colored comme on dit ici – c’est assez rare pour le signaler – et étoile montante de la gastronomie sud africaine, qui s’en donne à coeur joie dans ce lieu ouvert spécialement pour lui par le patron du précédent restaurant où il officiait en tant que sous-chef. Celui-ci, fasciné et convaincu par les talents culinaires de son jeune protégé, a décidé de lui offrir toutes les chances de briller, cette fois seul en scène. 

Upper Bloem, “Fleur du Haut”, est une référence à la rue du même nom située dans Bo-Kaap, le quartier musulman à flan de collines de la ville où le chef habite, et d’où il observe souvent le port de Cape Town qui s’ouvre devant lui. 
C’est là qu’il puise son inspiration pour sa cuisine : à l’image du mix culturel exceptionnel de cet endroit unique au monde, ses plats sont un mélange entre les différentes traditions gastronomiques du Cap, les viandes grillées, les inspirations asiatiques et les épices, mêlées à des produits locaux et de saison. 
Une “experience terroir dans un environnement urbain”.  

L’ambiance est détendue, simple et calme, comme le menu : unique, sous forme de tapas, composé de trois plats d’influence cap-malaise, trois propositions végétariennes et de la mer, et enfin trois plats de viandes. Avec ou sans association de vins. 
Des quantités équilibrées mais généreuses, des saveurs simples mais authentiques et justes. C’est délicieux. 

Et non seulement c’est bon, mais c’est beau.
En quatre années passées au Cap, j’ai rarement vu tant de soin apporté à la décoration des plats : certains restaurants jouent ici de mises en scène grandioses à grands coups de nuages d’azote et de de vaisselle extravagante. Rien de tout cela au Upper Bloem. Juste une poésie magnifique qui donne l’impression que chaque plat est une petite oeuvre d’art à elle toute seule. 
Pour vous convaincre jetez donc un oeil aux desserts : 

Crème glacée d’orange, poudre d’épices et feuilles de curry 
Bouchées de caramel-chocolat aux noix et bonbon aux pommes et Frizzy Pazzy,
vous savez cette poudre qui claque dans la bouche !
Totalement régressif.
Sinon, petit tour d’horizon du menu, pour vous mettre l’eau à la bouche : 

Bouchées de cabillot, radis, curry et raisins
Oignons aux aubergines caramélisées et grenade
Crakers de patate douce, filet de Hake aux poivres 
Tandoori de carottes, yaourt au lait de chèvre, riz noir.  
Moules, oignons nouveaux et jus d’algues. 
Gateaux de petits pois et fèves, fromage blanc de Buffala
Côte de boeuf au chou-rave vinaigré, crumble de parmesan. 
Jambon de canard fumé et chou braisé
Petites pommes de terres frites trois fois, sauce au curry et aux épices
Attention ils sont fermés le dimanche et le lundi. 
Bon appétit ! 



Je t’aime ! Je sais.

Nous étions en tête à tête 

en train de déjeuner dimanche 

avec mon fils Trystan.


Assis au bar de la cuisine. 

Il dévorait ses brochettes de poulet aux cacahuètes lorsqu’il me dit : 

– “Hum. Tro’ bon, m’an, tes brochettes. Merci pour le repas.”

Entre nous, j’ai faillit tomber de ma chaise. 

Pas de couinement quant à la recette ET des remerciements.

C’est un coup à faire tomber la neige sur le Cap, ai-je alors pensé. 

Mais touchée par son attitude et sa gratitude – sept ans de bataille pour son éducation qui finissent semble-t-il par payer – j’ai laissé de côté mon ironie habituelle et n’ai trouvé à lui répondre qu’un petit mot dégoulinant d’affection maternelle :

– “… Je t’aime Trystan.”

Ce à quoi il a répondu le plus placidement du monde, levant vers moi ses yeux calmes 

– “… Je sais, maman.”

J’ai d’abord souri intérieurement, en pensant machinalement à la fameuse et fabuleuse réplique d’Harrison Ford à Carrie Fisher dans l’épisode V du cultissime film Star Wars*.
* “I love you.” “I know”. Pour ceux qui auraient réussi à rater cette scène mythique de cinéma.

Puis, comme souvent, j’ai été prise d’un doute épouvantable :

Il le sait… Car je le lui dis tout le temps. Il a confiance en mon amour pour lui. 
On démarre mieux dans la vie lorsque l’on est profondément et sincèrement convaincu que nos parents nous aiment… 
L’information est passée et ancrée dans son petit cerveau reptilien, pour toujours. 
C’est donc une excellente nouvelle. 
Ou bien…

Il le sait… Car je lui ai déjà beaucoup, beaucoup (beaucoup) (trop) dit. 
Il est blasé, ça ne veut plus rien dire pour lui. 
Je l’étouffe. Il n’en peut plus. Mais comme nous sommes liés affectivement et qu’il est trop petit, il n’ose pas ou ne sait pas me l’avouer. 

J’ai bien réfléchi. 

Et, comme j’étais dans un bon jour, j’ai décidé d’opter pour la première. 

Voilà.

#EtreMère
#JeDouteDoncJeSuis




L’attrape-coeur, saison 2

Trystan nous expliquait comment

attraper des amoureuses grâce 

aux abdominaux…


Ce matin, Tancrède nous rencarde sur une autre méthode infaillible :

Depuis la rentrée, notre Juju chéri s’est lancé, après des mois de demande persistante, dans l’apprentissage de la guitare

Affublé de son instrument qu’il porte maintenant sur le dos jour et nuit tel l’escargot sa maisonnette – pour ceux qui sont encore dans la phase comptines… ça devrait vous rappeler des souvenirs… – et qui mesure, housse comprise, pratiquement sa taille en hauteur, Tancrède passe désormais tout son temps libre à s’entrainer et pincer sa gratte. 

Moins pénible à endurer que les gammes de piano ou les répétitions de violon, toute la famille supporte donc courageusement la situation, l’encourageant dans sa nouvelle passion. 

Nous discutions l’autre jour tous les quatre dans la voiture lorsque son papa a fait mention d’un de ses amis, que nous avons prévu de revoir durant les prochaines vacances de Noël. Grand et talentueux guitariste, dont le mariage récent en début de mois avait été évoqué devant les Jujutrépides il y a quelques jours de cela. 

Ni une ni deux : 

– “Mais papa, ton copain, c’est c’ui ki’ s’est marié la s’maine dernière, même que t’étais son témoin, c’est ça ?!?

– “Oui chéri, c’est bien lui.”

– “Ah oui, voilà.”

– “Voilà quoi ?”

– “Et bin c’est pour ça !”

-“????”

– “Ca marche super bien en fait…”

– “Mais… De quoi tu parles Tancrède ?”

– “R’garde papa : il joue TRÈS bien d’la guitare, n’est-ce pas, ton copain ?!”

– “Oui, et…?”

– “Et bin c’est pour ÇA qu’il a DIRECT trouvé une amoureuse pour s’marier. C’est la guitare. C’est SÛR. 

#LesConseilsMatrimoniauxJujutrépidesques
#AprèsLesAbdos
#LaGratte

Découvrir Up Cycles

J’aurais dû vous en parler bien plus tôt. 

Mais curieusement, 

je n’y avais jamais pensé !


Le vélo, c’est pas forcément votre truc, mais vous vous dites que c’est un peu comme l’utilisation de la fourchette, l’apprentissage de la natation ou de la lecture, et – à terme – conduire une voiture : il faut bien un jour ou l’autre l’apprendre à votre progéniture. 

C’est votre job de parent, en quelque sorte. 

Pour tous ceux qui vivent au Cap, qui ne pédalent pas comme ils respirent et qui n’ont pas investi dans d’onéreuses bicyclettes pour enfants ni même pour adultes, il y a UpCycles

Dans quatre endroits de la ville, à Camps Bay sur la corniche, au centre-ville, au Waterfront et sur la Promenade de SeaPoint, vous trouverez des stations de prêt de vélos orange, facilement reconnaissables.


Pas de dépôt de garantie, pas de paperasserie. 
Juste 70 rands à régler par vélo emprunté et par heure (tarifs dégressifs avec la durée de la location).

En moins d’une minute, vos bambins sont équipés de leur destrier de métal – avec ou sans roulettes, selon l’âge – du casque de protection qui va avec et hop, en avant dans les rues du Cap ou sur la Promenade et sa dizaine de kilomètres le long du splendide littoral de la ville. 


Ici, il faudra faire attention aux joggeurs et aux autres cyclistes…


… Mais globalement, rien de tel qu’un coup d’air marin bien iodé dans les poumons pour oxygéner leurs p’tits cerveaux et calmer vos p’tits nerfs de parents éprouvés. 

Ils ouvrent dès le lever du soleil (ça change donc toute l’année) et ferment lorsque celui-ci se couche sur l’océan ! 

Idéal pour défouler nos moutards le samedi matin ou profiter du soleil qui revient tout doucement sur le Cap.

Bon week-end à tous.

C’est QUI le chef ?

Les mômes

ont quand même

l’art de retourner leur veste. 

– “Trystan, on ne peut pas continuer comme ça.”

– “FASSSSON, J’TE DETESTE !!!!”

– “Et moi je t’aime mon amour. Mais on ne peut pas nous battre toi et moi tous les soirs pour les devoirs. Ce qui devait prendre dix minutes dure une heure, on s’énerve, on hurle. Et finalement tu dois les faire quand même. Ça ne sert à rien chéri, tu le comprends, ça ? Tu es un grand garçon maintenant, bientôt 7 ans, tu te rends compte de ces choses-là n’est-ce pas ?”

– “T’FAÇON, C’EST MÊME PAS TOI L’CHEF !!!”

– “Ah bon, et c’est qui ?”

– “C’est… C’est… Euh… ET BIN C’EST PAPA !!!!”

J’avoue avoir accusé le coup. 
Mais, naturellement, mon devoir de mère m’obligeant à (tenter) de rester sereine et impassible, j’ai pris sur moi pour laisser de côté la féministe scandalisée qui sommeille – d’un oeil – au fond de moi, et lui répondre : 

– “Ah vraiment ? On en reparlera avec lui tout à l’heure alors, pour voir.”

Curieusement, le môme est redescendu de sa tour infernale et nous avons terminé la corvée quotidienne des révisions dans un calme relatif plutôt étonnant, si l’on considère le tour qu’avait initialement pris l’affaire. 

Le soir venu, nous avions diné et tous deux oublié l’incident, lorsque le papa des Jujus leur a rappelé pour la septième ou huitième fois qu’il était temps pour eux d’aller se brosser les dents.

Nouvelle saillie verbale de Trystan qui était décidément très en forme ce jour là:

– “Noooon !!!! J’IRAI PAAAAAAS !!!!”

Hurlements en retour de son père. 

J’observais, fatiguée, la scène qui se jouait sous mes yeux quand mon fiston, hérissé, s’est mis à crier à tue-tête dans la cuisine : 

– “T’FAÇON, C’EST MÊME PAS TOI L’CHEF !!!”

Voyant le visage médusé de son père, j’attendais sa réaction avec une certaine curiosité. Sans surprise, celui-ci s’est écrié : 

– “Ah bon, et c’est QUI ?!?!”

Retour à l’envoyeur : 

– “ET BIN C’EST MAMAN !!!” 

A cet instant je me sens à la fois indignée de la manière dont il a répondu à son père. 
Rassurée par le fait que sa réflexion initiale de l’après-midi n’avait rien à voir avec un quelconque jugement de valeur sexiste à mon encontre. 
Amusée par la capacité fabuleuse qu’ont décidément les enfants à jouer invariablement sur les deux tableaux. 

#TropFortsCesMorveux
#AlorsCestQuiLeChef


L’attrape-coeur

Je lavais 

les Jujutrépides 

l’autre jour.


Trystan était dans la bassine – restriction d’eau obligent au Cap, nous récupérons l’eau des douches – les doigts de pieds trempouillant dans le liquide savonneux, le visage plein de mousse, se contorsionnant pour respirer et me parler. 

Son frère Tancrède attendait son tour, une fois n’est pas coutume, patiemment assis sur le tas de linge sale de la journée. 
C’est alors qu’il me dit, l’air de rien, alors que je récurais l’arrière des oreilles de son frère : 

– “T’as vu m’an, le ventre de Trystan ?”

Reniflant entre deux vapeurs d’eau bouillantes et tournant mon visage plein de bulles vers mon fiston, je lui réponds :

– “Non, qu’est ce-qu’il a son ventre, chéri ?”

– “Il a des carrés dessinés dessous sa peau.”

Souriant intérieurement, j’enchaine : 

– “Ce sont ses abdos”, mon amour.”

– “Abdo ?

– “Ses abdominaux, chéri ! Les muscles du ventre, quoi.”

– “Ah oui… Mais… J’les ai aussi moi ?!”

– “Et bien oui mon coeur ! regarde ton bidon ! On les voit bien chez toi aussi.”

Je venais de terminer de rincer Trystan dont je frottais maintenant vigoureusement le crâne avec la serviette de bain.

C’est alors que, se débarrassant de son attirail de séchage, la tête encore toute ébouriffée, il dit à son frère : 
– “OUAIS Tancrèd’, même ke j’ai entendu l’aut’ jour que c‘est AVEC LES Z’ABDOS QU’ON ATTRAPE LES AMOUREUSES.” 
#LaBase
#OnEnReparlerasQuandTuSerasGrand



Découvrir An OoM : Outrage Of Modesty

Aujourd’hui les amis, 

je vous recommande : 
un bar à cocktails !


Et pas n’importe lequel. 

Un endroit assez exceptionnel qui s’appelle Oom, an Outrage of Modesty. 

C’est Noreen Dunzo, élue parmi le top 5 des meilleures bartenders féminins du monde en 2015, petit bout de femme singapourienne tatouée des pieds à la tête, qui chaque soir s’assure d’éveiller vos papilles à un nouveau genre de cocktails. 
Elle répète à l’envi que “les meilleurs sont les plus simples”. 
On voudrait bien la croire, même si en goûtant ses inventions, on comprend vite les limites de la formule et l’on imagine l’intense travail qui se cache derrière ses créations incroyablement originales et parfaitement équilibrées : la mixologie dans toute sa splendeur et sa créativité. 

Situé au 88 de la petite rue piétonne de Shortmarket street, dans le centre-ville du Cap, le lieu n’est pas identifié : aucun nom, pas de pancarte à l’entrée de ce bar fidèle à la tradition des speak-easy américains, ces discrets débits d’alcool planqués derrière des portes insignifiantes durant la prohibition des années 1920 aux Etats Unis, pour mieux échapper aux contrôles policiers. 

Une fois la cage d’escalier en briques montée, et la discrète porte de papier coulissante refermée derrière vous au premier étage, c’est une petite pièce à la lumière tamisée que vous découvrez devant vous.
N’hésitez pas à vous mettre au bar, c’est la meilleure place pour profiter du spectacle des cocktails en préparation, des effluves des infusions et des décoctions distillées devant vos yeux, avant de vous être servies. 

De fait, tout ce que vous goûterez ici devrait vous surprendre. 
Chaque année, le thème du menu change. Vous avez jusqu’à la fin du mois de septembre pour tester celui de l’année écoulée, très inspiré des épices asiatiques, même si tous les alcools utilisés – gins, rhums et whisky – sont locaux et fabriqués au Cap. 

Petit aperçu de ce que vous pourrez découvrir dans cet endroit insolite :  


DUNZO DESSERT
Limoncello, gin, vodka, meringue à la noix de coco, morceaux de coco grillés. 
Définitivement le plus féminin des cocktails proposés.  

PINA-TA
Infusion et jus d’ananas, gin, sirop de cannelle, citron vert, piment vert. Morceaux d’ananas séchés. Tellement exotique ! 

CREME BRULEE
Infusion de caramel, gin, vodka, jaunes d’oeufs et morceaux de caramel. 
Une véritable tuerie ! La plus gourmande des propositions du bar.

ROOIBOS LIT
Infusion de Rooibos – sorte de thé rouge typiquement sud-africain – gin, jus de citron, sirop de romarin. En général très apprécié par les hommes.  

TOM YUM SPICY/SOUR THAI
Tomates-cerises, citronnelle, zestes de citron vert, piment rouge, vodka.
Servi dans un bol, on s’y méprendrait presque, tellement ce cocktail ressemble à la soupe du même nom : en réalité, le plus (d)étonnant des cocktails du bar, tout en nuances et en surprises… Seulement pour les durs à cuir !  

THE TODDLER
Infusion à la camomille, whisky, miel, citron, cannelle, anis étoilée. 
Peut-être la plus classique des recettes proposées. Mais tellement harmonieuse et délicieuse…

L’ambiance y est détendue et sereine, simple mais chaleureuse comme la déco minimaliste mais enveloppante de ce petit espace confortable et accueillant :  

Pour les fans du peintre sud africain Chris Denovan. 

Attention pas de diner possible sur place, uniquement quelques petits tapas asiatiques vraiment légers. 

Le bar est ouvert tous les soirs, du mardi au samedi, à partir de 18:00. L’espace ne peut pas accueillir plus de vingt-huit personnes. Ça se remplit vite. Je vous recommande donc réserver. 

A tester de toute urgence !

Prends moi pour un jambon

Quoi qu’on fasse, 

j’ai quand même l’impression

qu’on perd à tous les coups. 


Nous, les parents. 

Pensant bien faire, afin de palier l’insupportable problème de la chambre-des-gosses-en-bordel – pardon, bazar – permanent, et les ruses quotidiennes, les hurlements réitérés, continuels et chroniques pour parvenir à leur faire ranger leur espace personnel, j’ai décidé de condamner une pièce à l’étage de la maison, désormais renommée officiellement “salle de jeu des ‘zenfants”.

Nous y avons donc déménagé la totalité de leurs peluches, jeux, billes, livres, monceaux de Lego et autres jouets, installé un bon divan bien moelleux pour lire, une table en plastique et des petites chaises pour dessiner là, et les bousiller à l’encre indélébile en lieu et place de mon canapé de cuir blanc… 

Idée de génie, avais-je pensé. 

En vrai, comme souvent, le résultat est assez différent de ce que j’avais imaginé :
Ils disposent en réalité maintenant d’un espace encore plus grand dans lequel coller un max de foutoir, avec l’excuse implacable qu’il s’agit de leur espace de jeu, conçu exprès pour ça, isolé du reste de la maison, évitant ainsi de déranger qui que ce soit et nécessitant donc un rangement encore plus rare et moins approfondi. 

Bref.

Si je résume la situation : avouons-le, je me suis faite avoir dans les grandes largeurs, comme une bleue, et me suis enfermée toute seule dans une situation probablement encore plus inextricable que la première. 

Depuis, je m’efforce donc de ne plus me rendre sur les lieux, méthode qui a le mérite de fonctionner assez bien jusqu’à ce que mes yeux tombent par hasard sur un vieux trognon de pomme abandonné sur la moquette ou une peau de banane en décomposition sur leur sofa…

Dans ces cas-là, je perds en général patience et finis irrémédiablement par mettre de l’ordre dans l’innommable boxon moi-même…

L’autre jour, dans un élan de folie éducative, j’avais décidé de tenir bon et – coûte que coûte – leur faire ranger le capharnaüm. 

Nous en étions à plusieurs heures de négociations et de hurlements hystériques lorsque Tancrède me dit : 

– “Bon, maman, calme toi.”

– “PARDON !?” 

– “Crie pas comme ça, ça sert à rien…”

– “JE CRIE AUTANT QU’IL LE FAUDRA POUR QUE CETTE PIECE SOIT RANGEE CE SOIR, TU M’ENTENDS !?”

– “J’ai une solution à te proposer maman ! Une solution qui va t’rendre contente et nous aussi !”

Surprise de son revirement, je suis restée silencieuse, avant de l’entendre, une bonne vingtaine de minutes plus tard, hurler depuis l’étage : 

– “Voilààààà maman, c’est faiiiiit !
En arrivant devant la pièce, dont la porte était fermée, j’ai trouvé cet encart affiché à hauteur de Jujus.

#NoComment
#LaSolutionVueParUnJujuDe6ans