Le Prénom

Parfois, 

certaines de leurs interventions

me laissent pantoise. 


Une fois n’est pas coutume, nous dinions l’autre soir tous les trois, attablés au bar de la cuisine, dans un calme assez relatif. 

C’est alors que Tancrède a pris la parole, abordant comme souvent un sujet venu de nulle part : 

– “Mamaaaaan ??”

– “Oui, Tancrède ?”

– “Tu sais, moi quand j’serai papa, j’vais avoir une fille.”

– “Ah oui ? c’est vrai que tu as une chance sur deux, en même temps, chéri.”

– “?!?”

– “Oui, bon.. Et donc, pourquoi tu me dis ça ?”

– “Parce que j’ai déjà choisi son prénom.”

Intérieurement, je me faisais la réflexion suivante : nous sommes décidément très différents les uns des autres. A sept ans, dire que le sujet ne m’avait même pas encore effleurée serait un euphémisme. 
Mais j’ai finalement décidé d’intervenir sur une autre thématique, chère à mon coeur : 

– “Intéressant mon amour. Tu pourrais d’abord demander l’avis de ton amoureuse, qui sera aussi la maman de ta fille. Elle ne sera peut être pas d’accord, tu crois pas ?”

– “Ah oui m’an.. T’as raison.”

Silence dans la cuisine. Il enchaine alors : 

– “Mais tu sais, le prénom qu’j’ai choisi, il est super joli, elle aimera sûrement !”

Intervention de son frère : 

– “Et c’est quoi alors l’prénom k’t’as choisi Tancrèd’ ?!”

– “VÉNUSIA.”

Le regard perdu dans le vide, je me massais les tempes, sans trop savoir que lui répondre. C’est son jumeau qui s’en est chargé. 

– “Nan, mais Tancrèd’, c’est pas tellement possib’. Après tout l’monde va penser que t’as trop r’gardé Goldorak !”

Sans oser intervenir ni souligner le bon sens évident de mon fiston – j’ai pas de leçon à donner à ce sujet… Je le sais – je regardais Tancrède, dont le visage s’était soudainement assombri. 

– “Tu crois Trystan…? Mince alors… Et toi, tu l’appelleras comment ta fille ?”

– “Moi j’aurai pas d’fille. J’aurai un garçon.”

– “Ah. Et comment tu vas l’appeler alors ?”

– “Facile : comme mon meilleur copain de classe !”

– “Et… C’est qui ?”

– “Bin… ROCCO, voyons !”

#L’hôpitalQuiSeFoutDeLaCharité
#ChacunSesRéférences
#AuSecours
#…YaPlusDeMots


La chasse aux Jujutrépides

Il faut l’avouer, 

cela faisait longtemps. 


La dernière fois, ça devait être lorsqu’ils ont joué à Peter Pan sur le toit, je pense. 

Ce weekend, nos Jujutrépides nous ont fait une nouvelle frayeur :


Nous déjeunions tranquillement dans un restaurant en bord de mer, avec leur papa, les pieds dans le sable, une frozen strawberry margarita à la main, bienvenue par cette chaleur estivale de retour en force depuis quelques jours au Cap.


Les garçons étaient bien évidemment sortis de table et avaient dégotté des p’tits sud af’ avec qui jouer sur la jetée. 

Nous les gardions à l’oeil, entre deux gorgées rose, et discutions en profitant de la brise marine et du soleil, lorsque tout à coup, presque indépendamment de ma volonté, j’ai dit : 

– “Chéri, tu veux pas regarder où sont les monstres ? Tu sais avec toutes ces histoires récentes d’enlèvement d’enfants au Cap…”


– “Ils sont là chérie.”


– “Non mais, vas voir.”


– “ILS SONT LÀ !”


– “Vas voir.”


Ne le voyant pas revenir au bout de dix minutes, je sentais que quelque chose ne tournait pas rond. 

C’est alors que je l’ai aperçu, se rapprochant, titubant, de la table où j’étais assise. Livide, les yeux écarquillés, ils me dit alors d’une voix blanche :

– “Chérie… Je… Je… Y’ sont plus là.

L’avantage, d’avoir vécu quelques situations relativement extrêmes avec ses enfants, c’est qu’au bout d’un certain nombre d’années, on sait gérer.  

Le coeur s’arrête toujours quelques instants. 

Et, naturellement, le sentiment de panique intérieure, les mains tremblantes, les fourmis dans les jambes ainsi que la nausée dans la gorge, sont toujours là.

Mais le cerveau ayant cumulé de l’expérience, disons qu’il entre dans une forme de pilotage automatique assez efficace. 

Je vous passe les détails de la chasse aux Jujutrépides lancée sur plusieurs kilomètres à la ronde ainsi que ceux de l’interrogatoire musclé auprès des moutards alentours : une longue – très longue – vingtaine de minutes plus tard, notre engeance – ou plutôt leurs oreilles, qui en gardent d’ailleurs encore les stigmates – étaient de retour entre nos doigts.

Montés manu militari dans la voiture, nous rentrions vers la maison : 

– “LES GARÇONS !! VOUS VOUS RENDEZ-COMPTE DE LA PEUR QUE VOUS NOUS AVEZ FAITE ! On vous imaginait déjà enlevés ou perdus !… COMMENT POUVEZ VOUS ENCORE NOUS FAIRE ÇA !? Avec tout ce que nous vous avons déjà expliqué !?…”

– “Pardon maman, on voulait pas t’faire peur. On voulait juste aller woir’ les OTARIES !”


– “Mais les garçons… On ne part JAMAIS sans nous prévenir. Vous imaginez ce qui aurait pu se passer !?…”


J’avais essayé de garder mon calme, malgré la terreur qui m’avait étreinte et qui redescendait doucement dans le bas de mon corps, et de leur expliquer une nouvelle fois, sereinement, la gravité de leur geste. 


N’y tenant plus, leur père qui bouillait intérieurement, s’est alors emporté en criant : 


– “J’EN AI ASSEZ. ON VA FAIRE AVEC VOUS COMME AVEC LES CHATS ET LES CHIENS. ON VA VOUS METTRE DES PUCES SOUS LA PEAU, COMME ÇA ON SERA TRANQUILLE !!!!”

Pas un bruit dans l’habitacle, les garçons s’étant soudainement renfrognés dans leur siège auto, visiblement vexés.


C’est Trystan qui a finalement rompu le silence : 

– “Alors… Alors… TU VAS NOUS EMENER CHEZ L’VÉTÉRINAIRE, c’est ça !?!?”

#RestonsZen
#Dédramatisons


Découvrir le Zip Zap Circus

Aujourd’hui, 

je vous propose un post…

sur le cirque ! 


Le ZIP ZAP Circus, plus exactement, le cirque social venu d’Afrique du sud. 

C’est en 1992, avant la fin de l’apartheid, que la française Laurence Estève et son mari sud africain Brent Van Rensburg, revenus au Cap pour des vacances, décident finalement de rester dans le pays et de fonder le ZipZap Circus, l’un des tout premiers cirques sociaux du monde. 

Son principe est simple : permettre aux enfants des townships d'”oser rêver” et de bénéficier d’une éducation et d’une formation professionnelle gratuite, qui leur permettent de développer leur potentiel et leurs talents, de trouver à terme un emploi qui les fasse sortir de la misère – et souvent la violence – dans lesquelles ils ont eu la malchance de naitre. Leur offrir l’opportunité d’un avenir plus ouvert et d’une vraie insertion professionnelle.  

Les années passant, ZipZap s’est imposé comme le cirque le plus professionnel du pays et du continent. Ses équipes se sont produites partout dans le monde – 35 voyages ont été organisés depuis la création de l’ONG – et la qualité de sa proposition est reconnue internationalement.   

Ouvert à toutes et tous, l’association propose dix programmes d’aides et de soutien aux enfants en difficulté – notamment les enfants malades du SIDA – et cinq niveaux différents de formation aux arts circassiens (si,si, l’adjectif existe !).
Des débutants à la formation professionnelle, tous les enfants sont acceptés, à partir de 7 ans, quelque soit leur condition sociale et leur origine ethnique, qu’ils viennent des townships ou des quartiers privilégiés : le cirque devient alors un outil de mixité sociale et culturelle. 

Chaque année, ce sont près de 2000 enfants qui bénéficient de cet enseignement totalement gratuit. Si la majorité finit par abandonner en cours de route, certains progressent dans les échelons de la pyramide du changement jusqu’à atteindre le niveau pro. 

Dans tous les cas, les enfants auront été inspirés pour la vie. 

Car leur apprendre l’art du cirque, c’est aussi leur enseigner la solidarité, le travail en équipe, la persévérance, le sens de l’effort, l’humilité ou encore le respect. 
Le cirque est une grande famille et une école de la vie à lui tout seul. En visitant la ZipZap Academy, on en prend la pleine dimension : 
Les enfants n’apprennent pas seulement à jongler, marcher sur un fil, se contorsionner ou faire rire les autres. Ils se forment aussi à tous les aspects techniques, liés au son ou à la lumière par exemple.

L’organisation magistrale du management de l’association s’arrange aussi pour donner des cours de langue ou de comptabilité, aider les jeunes adultes à passer leur permis de conduire, indispensable à une vie indépendante, ou encore à leur obtenir des pièces d’identité, certains enfants n’ayant même jamais été déclarés à leur naissance. 
Enfin, l’académie proposant un système d’internat, ceux qui en bénéficient apprennent aussi à cuisiner – équilibré – la vie en communauté et le respect de règles de vie en groupe, souvent inexistantes dans leur éducation parfois chaotique. 


Une fois devenus adultes, ceux qui ont complété leur formation restent dans le domaine du cirque, en Afrique du Sud ou à l’étranger, d’autres intègrent le monde du spectacle au sens plus élargi, deviennent enseignants ou techniciens, pour l’association – qui emploie 20 personnes à temps plein – ou non. 
Certains continuent leur chemin sur des voies totalement différentes, grâce à la confiance en soi glanée durant les années passées au sein de l’association. 



La gestion quotidienne n’est pas facile tous les jours pour le couple qui pense à prendre sa retraite : la course aux dons, aux subventions de l’état sud africain, mais aussi aux aides internationales, aux partenariats – comme celui passé avec Woolworth, le Monoprix sud africain qui donnent chaque semaine ses produits périmés mais toujours consommables – exigent une énergie sans cesse renouvelée. 

Mais l’aventure en vaut la peine : en 25 ans, c’est la vie de plus de 10 000 enfants que l’association a changé. 
Une initiative qui laisse rêveur. 

N’hésitez pas à faire un tour sur le site, un don, ou à inscrire vos enfants à la formation. Vous pouvez aussi assister aux représentations régulières de la troupe : les prochaines auront lieu ce weekend, les 27 et 28 octobre prochain au ZipZap Dome, au centre ville !

La femme invisible

Apres l’homme invisible… 

La femme inaudible !


La règle on la connait. 

Elle est valable aussi bien quand tu diriges un service de cinquante personnes, que quand tu es parent : si tu veux te faire entendre, il faut parler peu, doucement – pour forcer les gens à t’écouter – dire les choses une seule fois et s’efforcer d’émettre uniquement des messages clairs et impactants. 

Ça, c’est la théorie. 

Mais tous ceux qui ont mis au monde une progéniture savent qu’elle entre en totale collision avec une réalité scientifique majeure : l’éducation.
Celle-ci se résumant essentiellement à montrer l’exemple et à répéter les mêmes choses des milliards de fois, comme je le soulignais dans mon billet d’hier

Avec le temps, l’impact de nos paroles décroit auprès de nos lardons, à tel point que le parent en vient parfois à s’interroger sur sa propre substance, voire même son entité. Comme si, projeté dans un monde parallèle, il vivait et côtoyait physiquement ses rejetons, mais n’était ni vu ni entendu. 


Heureusement, l’existence des Pokemon nous rassure régulièrement, nos enfants semblant nous identifier subitement dans l’espace-temps lorsqu’il s’agit de nous en réclamer à corps et à cris. 


Nous dinions tous l’autre soir au bar de la cuisine, et je venais de faire une remarque, pour la cinquième ou sixième fois à mon fils Trystan : 


– “TRYSTAN ! Whouhou ! Je te parle !”


– “Ouiii m’man..”


 – “Et qu’est ce que je viens de dire, alors ?!”


– “… J’sais pas.”


– “MAIS TRYSTAN !!!! C’EST PAS POSSIBLE !!! JE SUIS LA FEMME INVISIBLE DANS CETTE MAISON ? PERSONNE ME VOIT !? ET PERSONNE M’ENTEND, NON PLUS !? 


Oui je sais, je crie beaucoup ces derniers jours. 

Je pense que j’ai (déjà) besoin de vacances. 

Bref, c’est pas l’propos. 


C’est alors que son frère Tancrède est intervenu, le plus sérieusement du monde: 


– “Non maman, t’inquiète pas. On sait que ce que tu dis a de la valeur.”


Ayant lâché ma fourchette de stupéfaction, j’ai ensuite regardé son père d’un oeil torve, cherchant de quelle manière discrète il avait réussi à lui souffler cette phrase. 

Mais le pauvre ayant l’air visiblement aussi surpris que moi, j’ai redirigé mon étonnement vers mon fils :

– “Euh… Et ça veut dire quoi, avoir de la valeur, Tancrède ?”


Tout en mastiquant son poulet, il m’a alors répondu le plus sereinement du monde : 


– “Ça veut dire que c’que tu dis, c’est important.”


Je n’ai aucune idée de savoir comment la notion est entrée dans son petit crâne. 

Et franchement, je m’en tape. 

#OhMonDieu

#LesMiraclesExistentIls?

Prends soin de tes affaires !

Etre parent, c’est assez usant. 

Non, vraiment. 


C’est pas pour rien que les rides apparaissent précisément au moment où l’on met nos moutards au monde. 

Dans la liste de ces moments récurrents, agaçants, lassants, excédants… 
Toutes ces petites phrases qu’il nous faut répéter quotidiennement, plusieurs fois par jour, en ayant le sentiment – et même la certitude, les années passant – que l’entreprise est vouée à l’échec.

Rapprocher son assiette de soi pour éviter d’en mettre partout…
Ne pas se brosser les dents dans le salon, mais au dessus du lavabo…
Dire bonjour/au revoir aux gens que l’on croise…

Prendre soin et respecter ses affaires, aussi. 
Leur matériel de classe, leurs jouets, leurs habits… Tout ces trucs que l’on passe notre existence, en tant que parents, à racheter pour la trentième fois (par saison) afin de remplacer les versions précédentes, régulièrement oubliées, volatilisées dans la nature, échangées avec les copains, perdues, brisées. 

Je l’avoue humblement, je n’ai pas réussi à garder mon calme l’autre jour lorsque Tancrède m’a présenté l’un de ses livres, dont une page avait été déchirée, visiblement à la suite d’un échange musclé avec son frère. 

J’hurlais, au volant, assez incohérente dans mon propos d’ailleurs, hésitant entre lui renvoyer le bouquin à la tête ou 8 semaines (supplémentaires) de punition-de-télé :

– “LES GARÇONS C’EST INSUPPORTABLE ! JE N’EN PEUX PLUS !!!”

– “Crie pas, maman…”

– “MAIS EVIDEMMENT QUE SI JE CRIE !!!! VOUS NE RESPECTEZ RIEN !!! JE PASSE MON TEMPS À VOUS EXPLIQUER ET VOUS MONTRER L’EXEMPLE, MAIS ÇA NE SERT À RIEN. VOUS ME DÉSESPÉREZ…”

– “Mais maman… C’est pas grave… t’as k’à en racheter-un, de livre…”
A cet instant précis, la colère qui s’empare de moi dépasse l’entendement. 
Je me dis qu’il est heureux que mes mains soient occupées sur le volant. 
Hystérique, je trouve la force d’articuler : 

– “MAIS EVIDEMMENT QUE NON BOUGRE D’AVORTON !!!! C’EST À TOI DE PRENDRE SOIN DE TES AFFAIRES, PAS A MOI DE SUER SANG ET EAU POUR EN PAYER DE NOUVELLES, ALORS QUE TU PERSISTES DANS TON ATTITUDE TOTALEMENT FRIVOLE ET JE M’EN-FOUTISTE !!!!

Oui je sais, quand je m’énerve je deviens vulgaire.

Mais quand je suis hors de moi – et pour une raison qui m’échappe – je monte de niveau linguistique.

Me voyant dans un état second, mon fils assis sur le siège passager, a sagement décidé d’opter pour une réponse silencieuse, subitement très intéressé par les baskets qu’il portait aux pieds. 

Quelques minutes après l’incident, ayant visiblement constaté que j’avais retrouvé un rythme respiratoire normal, le môme a relevé le visage vers moi, me disant alors avec beaucoup de douceur : 

– “J’ai une idée maman…Pour pas ke ça t’coûte encore des sous…”

– “?! QUOI !?…”

– “On va… On va d’mander au Père Noël de l’racheter, d’accord ?”

#OuiBon…
#CommentLuiDire

https://www.facebook.com/EmmanuelleTabaretIllustrations 

Jumeaux et paranormalité

7 ans

maintenant. 


Sept longues années que, souvent, lorsque je rencontre des gens à qui j’ai le malheur de dire que la nature m’a fait don d’une paire de jumeaux, ils se sentent obligés de m’interroger sur les anecdotes paranormales que nous avons eu la chance de vivre avec eux.

A chaque fois, j’ai envie de leur répondre que la paranormalité gémellaire, elle est intrinsèque : deux gosses qui débarquent en même temps, c’est ça qui est paranormal…

Non, les gamins ne sont pas télépathes. 

Non, quand l’un s’ouvre l’arcade sourcilière, l’autre n’a pas “senti le truc au même moment”.

Non, quand l’un se casse le doigt, l’autre n’a pas mal au même endroit. 
En général il pleure toutes les larmes de son corps, oui, car il s’inquiète pour lui. Ou il tombe malade. Mais ça, c’est juste psychosomatique, histoire qu’on n’oublie pas de le regarder.  

Non, ils ne vivent pas en symbiose, toujours heureux, toujours aimants, tout ça parce qu’ils ont partagé le même deux-pièces-cuisine durant neuf mois dans l’utérus… Ils se mettent sur le nez, comme dans n’importe qu’elle fratrie classique. Et même probablement plus, car vivre sans cesse en face de son reflet peut s’avérer particulièrement pénible. 

Mais l’autre jour, disons-le, je suis restée un peu perplexe : 

07h20, les Jujutrépides étaient attablés au bar de la cuisine pour prendre leurs petits-déjeuners. A moitié endormis, le nez penchant chacun dangereusement au dessus de leur assiette respective, la mèche rebelle, leurs mains tentant de porter la tartine à hauteur de bouche… 

J’étais debout derrière Tancrède, en train de démêler le plus délicatement possible son abondante chevelure, couverte des noeuds de la nuit. 
Silencieux, mon Juju chéri mordait machinalement dans un quartier de pomme, lorsque j’ai senti la brosse déraper et lui arracher une mini touffe de cheveux. 

C’est alors que Trystan, concentré sur son morceau de banane, s’est écrié : 

– “AÏE !!!!!!

Je l’avoue avec humilité, ce matin-là, j’ai beugué. 

#Hein?!
#PasCompris


Question d’éducation

Nous dinions au restaurant 

samedi dernier. 


Exceptionnellement, nous avions convié nos Jujutrépides: pour leur septième anniversaire, nous avions envie de les faire se sentir “grands”, les laissant pour une fois se coucher à point d’heure (21h). 

C’est alors que le serveur – congolais francophone, comme la moitié du personnel de restauration au Cap – est venu nous apporter les boissons commandées. 
Il venait de poser les verres des enfants lorsque Tancrède, qui était pourtant assis silencieusement sur son siège, l’a interpelé, le regardant droit dans les yeux, le plus sérieusement du monde : 

– “Monsieur ?”

– “Oui mon garçon ?”

– “Tu veux pas dire à ton boss d’arrêter de donner des pailles dans les verres des gens ?”

Ce genre de moments difficiles n’est pas inédit chez nous. 

Leur père et moi sommes relativement habitués à ce type de saillies verbales très agréables, qui ont l’art de mettre tout le monde très à l’aise. 
Malgré tout, la surprise et la gêne n’ont toujours pas disparu de notre répertoire de réactions. 

Avant que nous ayions pu réagir, le pauvre serveur, penché au dessus de Tancrède, s’efforçait de comprendre l’origine de l’agression : 

– “Euuuh… Excuse-moi ?! Pourquoi tu me dis ça ?”

Retour à l’envoyeur : 

– “La paille, m’sieur. Quand tu ranges la table et que tu la jettes à la poubelle, après, elle finit dans la mer. Et après, ça va dans l’nez des tortues. Et ça les TUE. C’est pas bien, tu comprends ?”

Ce moment paradoxal.

Où tu es très fière de ton fils.

Et, en même temps, tu ne sais plus où te mettre, de honte. 

Question du jour : 
Bien éduquer ses enfants, c’est sauver les otaries, ou être poli ? 

(Oui, je sais, les deux ce serait parfait. Mais vous savez bien que souvent, la vie parentale est faite de choix douloureux.)

#Zavez3Heures

La polémique Jujutrépidesque

Vous l’avez peut-être noté 

aux informations, la semaine passée. 


Le Premier Ministre français devait être de passage à Cape Town.

Pour une raison qui me dépasse toujours un peu, toute la communauté française s’apprêtait à accueillir avec émoi l’un de ses plus illustres représentants. 

L’actualité politique du moment l’a finalement contraint à reporter sa visite, laissant l’école française un peu désemparée au beau milieu des peintures de rafraichissement, et les parisiennes du Cap un peu sur leur faim, obligées de remballer leurs jolies robes. 

Notre fils Tancrède, de son côté, nous parlait de cette visite avec beaucoup de sérieux depuis la semaine précédente, insistant sur le fait qu’il allait pouvoir “parler-à-m’sieur-Philippe-quand-y’-pass’rait-dans-not’-classe”.
Nous avons bien évidemment fait de notre mieux pour lui inculquer les notions élémentaires de protocole. 

Il nous a ensuite dit vouloir lui chanter l’hymn’-national-de-not’-pays, entonnant tranquillement… Nkosi Sikelel iafrika, celui de l’Afrique du Sud. 
Nous avons donc pris sur nous pour rappeler à cet étrange enfant qu’il était Français et non Sud Africain. 

Comprenant ce que nous venions de lui expliquer, notre Juju chéri s’est alors mis en tête d’apprendre le premier couplet de la Marseillaise. 
Son papa s’est collé à la tâche, laquelle fut curieusement assez simple, comme à chaque fois que notre fiston se décide vraiment à faire quelque chose. 

Bien que la visite fusse annulée, Tancrède continua les jours suivants à bercer nos oreilles de son chant patriotique, en faisant les devoirs, jouant aux Lego ou en prenant son bain. 

N’y tenant plus, son frère – qui était jusque là resté assez impassible devant la nouvelle lubie de son frangin – a un soir laissé éclater son exaspération. 

Curieusement, son agacement s’est retourné contre son père : 

– “PAPA !!!!!! MAIS T’ES DINGUE !!!!”

– “?!?!? PARDON, Trystan ?!”

– “D’avoir appris cette chanson à ton fils !”

Souriant devant la formule, son papa lui a répondu : 

– “Trystan, c’est la Marseillaise, l’hymne national de ton pays. Tu vas bien finir par l’apprendre aussi, tu sais.”

– “CERTAINEMENT PAS !”

– “Mais, enfin pourquoi ?!”

– “TU trouves ça BIEN, toi !? D’apprendre une chanson où on égorge les gens et les z’enfants, avec du sang PARTOUT sur les routes !!!”

– “?!?!?…”

– “C’est AFFREUX comme chanson !!” 

Interloqués, son papa et moi sommes restés silencieux quelques instants. Tancrède en a alors profité pour intervenir : 

– “Mais ENFIN Trystan, c’est normal, c’est d’l’histoire !

– “…”


#LaRésurgence
#LeVieuxDébat 
#LaPolémiqueJujutrépidesque
#JujuContreJuju

Découvrir Table7

En fait, c’est pas vraiment un restaurant. 

C’est une cuisine. 


Un concept très original : 

C’est l’histoire d’un couple, Luke Wonnacott, un chef multi-récompensé dans des restaurants du monde entier, et de sa femme Katie, spécialisée dans l’événementiel. 

Ensemble ils viennent de créer cet espace, Table7, situé dans une toute petite impasse piétonne presque invisible au milieu de Manrose Street dans le quartier de Salt River, au Cap. C’est tout récent : cette partie de la rue vient d’être refaite à neuf, sous forme de petites unités. On y trouve des bureaux, des boutiques, des galeries, des cafés… C’est adorable. 

Et lorsqu’on entre dans Table7, on a l’impression de rentrer chez quelqu’un, pas dans un restaurant. 
L’endroit fait penser à un petit loft, c’est décoré comme une salle à manger à la maison, avec une immense table en bois toute en longueur et un bar central derrière lequel est la cuisine, entièrement ouverte sur la pièce. 

Cela ne fonctionne que sur réservations, pour permettre au couple de cuisiner au plus juste. Le reste du temps, ils font dans le conseil culinaire et le développement de menus pour les grands restaurants, ou le catering d’événements.  

Tous les jours à déjeuner du lundi au vendredi, c’est un menu avec trois plats au choix et un dessert que vous recevez sur votre téléphone, pour peu que vous vous soyez abonnés (pour les contacter, c’est .) Si vous voulez venir, il faut donc prévenir. 
Le soir, c’est un menu gastronomique à cinq plats qui est proposé, uniquement pour un groupe d’au moins seize personnes. 
Ils sont fermés le weekend, sauf événement spécial, sur mesure. 

En fait, ils font cuisine à la demande, en quelque sorte. 
De fait, lorsque l’on vient manger là, on a le sentiment d’être chez soi, de s’assoir à table ou au bar de la cuisine, entre amis, pour manger un morceau.

Et quel morceau !
Des produits impeccables, une décoration soignée, des saveurs préservées et gourmandes, un vrai plaisir. 

Pour vous donner l’eau à la bouche : rillettes de canard aux amandes et aux betteraves vinaigrées, un petit-plat végétarien de couscous au curry avec sa purée de chou-fleur et ses champignons rissolés, des salades, des jus de fruits frais à tomber par terre et des desserts irrésistibles… Tellement tentant… et délicieux, que j’en ai oublié de faire la photo… C’est vous dire.

  
Seul petit bémol : les portions sont vraiment petites. Mais comme les prix sont doux, vous pouvez tout simplement commander plusieurs plats. 

Bon appétit !