Question d’éducation

Nous dinions au restaurant 

samedi dernier. 


Exceptionnellement, nous avions convié nos Jujutrépides: pour leur septième anniversaire, nous avions envie de les faire se sentir “grands”, les laissant pour une fois se coucher à point d’heure (21h). 

C’est alors que le serveur – congolais francophone, comme la moitié du personnel de restauration au Cap – est venu nous apporter les boissons commandées. 
Il venait de poser les verres des enfants lorsque Tancrède, qui était pourtant assis silencieusement sur son siège, l’a interpelé, le regardant droit dans les yeux, le plus sérieusement du monde : 

– “Monsieur ?”

– “Oui mon garçon ?”

– “Tu veux pas dire à ton boss d’arrêter de donner des pailles dans les verres des gens ?”

Ce genre de moments difficiles n’est pas inédit chez nous. 

Leur père et moi sommes relativement habitués à ce type de saillies verbales très agréables, qui ont l’art de mettre tout le monde très à l’aise. 
Malgré tout, la surprise et la gêne n’ont toujours pas disparu de notre répertoire de réactions. 

Avant que nous ayions pu réagir, le pauvre serveur, penché au dessus de Tancrède, s’efforçait de comprendre l’origine de l’agression : 

– “Euuuh… Excuse-moi ?! Pourquoi tu me dis ça ?”

Retour à l’envoyeur : 

– “La paille, m’sieur. Quand tu ranges la table et que tu la jettes à la poubelle, après, elle finit dans la mer. Et après, ça va dans l’nez des tortues. Et ça les TUE. C’est pas bien, tu comprends ?”

Ce moment paradoxal.

Où tu es très fière de ton fils.

Et, en même temps, tu ne sais plus où te mettre, de honte. 

Question du jour : 
Bien éduquer ses enfants, c’est sauver les otaries, ou être poli ? 

(Oui, je sais, les deux ce serait parfait. Mais vous savez bien que souvent, la vie parentale est faite de choix douloureux.)

#Zavez3Heures

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